Sujet et Parti architectural
Le thème de ce projet long, sur 1 an, était « l’enfance ». Sortant de mon année Erasmus au Portugal et de 2 mois de stage dans ma ville natale, Sao Paulo, au Brésil, j’ai décidé de faire un projet d’aide aux enfants des favelas, avec un centre communautaire.
Le parti était de s’insérer dans le tissu existant avec une structure béton construite par l’état, et que le cloisonnement et la fermeture de cette structure se fasse par les résidents de la favela. La structure étant de faible portée (2m50) entre chaque poteau, elle permettrait aux habitants de la favela de la reproduire sur le reste de la favela en auto-construction.
Le panneau de présentation du projet représente le drapeau du Brésil constitué d’un patchwork de tissus de récupération, à l’image de l’auto-construction, et son centre (la planète bleue étoilée) est un calque sur lequel sont projetées des diapositives qui présentaient l’état général de la favela que j’ai étudiée à Sao Paulo.
Situation
La favela que j’ai étudiée à Sao Paulo se trouve en banlieue, à Campo Grande, au milieu d’un tissu urbain dense et de classe moyenne. Comme souvent la favela vient s’insérer dans une zone plus ou moins aisée, venant coloniser un résidu d’espace inoccupé car inapproprié à la construction (zone inondable, forte déclivité, zone insalubre…) dépourvue de réseau d’égout, aux réseaux d’alimentation en eau et en énergie piratés et dangereux, les constructions n’ont aucune normes et causent de nombreux problèmes.
La favela que j’ai étudiée a vu la construction de HLM, le projet « Singapour » , à son entrée, faisant une façade propre à la favela, mais étant là plus comme un cache misère que comme une solution au problème existant, puisque le projet Singapour n’a pu reloger qu’une infime partie des habitants du bidonville.
C’est sur la partie à gauche que va s’implanter mon centre communautaire et au niveau des baraquements blancs que vont s’implanter crèches et réfectoire.
Cette vue prise du haut permet de voir la zone dégagée devant Singapour qui accueillera le centre communautaire et le remplacement des baraques blanches au 1er plan par le réfectoire.
Cette vue depuis la zone où sera implantée le centre communautaire permet de voir que la favela est sur un vallon et descend. L’architecture de l’ensemble, bien que chaotique, est beaucoup plus à l’échelle humaine et s’implante harmonieusement, contrairement au projet Singapour.
Cette analyse des espaces publics et privés de la favela (jaune : circulation voitures, orange : circulation piétons, vert : jardin) montre un tissu extrêmement dense, qui ne respire pas, où les circulations piétons ne sont pas clairement définies. On voit également comment Singapour vient faire un barrage visuel entre l’Est de classe moyenne et le reste de la favela. Il faut apporter des réponses d’espace public et privé aux habitants de la favela.
Cette analyse topographique et constructive montre les maisons précaires en bois (jaune), les maisons en maçonnerie rdc (bleu clair) et avec étages (bleu foncé), ainsi que Singapour en R+4 (violet). Elle permet de voir que la favela se pérennise, les baraquements de bois et tôle ondulée ne sont que la 1ère étape de l’arrivée dans la favela, suivie de la construction en dur, puis les surélévations. Les habitants ne sont pas de passage, ils s’installent et misent sur l’avenir, il faut leur apporter des solutions à long terme car il s’agit bien d’un petit village qui va perdurer.
Cette maquette représente la favela sur son vallon, avec en haut Singapour qui domine et en marron foncé les maisons de classe moyenne. Mon projet se situera devant Singapour, au début du creux du vallon.
Projet
L’étude urbaine a permis à d’arriver à l’implantation suivante : Un bloc communautaire en face de Singapour séparé par une place à gauche l’amenant au bloc pouponnière-jardin d’enfant-crèche-réfectoire et à sa droite une place le sépare d’un bloc de logements et de commerces. 2 rues clairement redéfinies mènent des places vers une 3ème place en contrebas.
Cette maquette d’étude permet de voir comment le projet vient s’intégrer dans le tissu existant, avec une prolongation de l’architecture en gradins, qui permet d’épouser les lignes topographiques tout en créant des espaces privés extérieurs avec les terrasses.
La suite de la maquette d’étude montre comment l’architecture peut se poursuivre, sur la base du module de la structure initiale, en poursuivant le centre communautaire, en prolongeant certains espaces sur les terrasses, et en venant remplacer certaines maisons qui étaient en bois par ce module d’auto-construction simple à réaliser.
Autre exemple de prolongation de la structure par le module.
Plans
Le plan du Rdc montre pour le bloc communautaire (à droite) une salle polyvalente traversante partant de la place et menant sur la terrasse, à côté de laquelle on trouve un bureau, des sanitaires et la boulangerie devant l’autre place. A gauche de la salle polyvalente on trouve des commerces : pharmacie, épicerie, la vente des artisanats réalisés dans le centre communautaire et un petit supermarché.
Le bloc communautaire se prolonge en dessous par un escalier qui mène à un atelier de menuiserie, un autre de maroquinerie et des sanitaires.
Le bloc communautaire se prolonge à l’étage par un escalier qui mène à des ateliers de tissage, vannerie, recyclage et poterie ainsi que des sanitaires. La partie de gauche est réservée aux logements avec 3 T2 et 4 T3, dont certains avec terrasse.
Les ateliers sont destinés à apprendre aux enfants et adolescents un métier, à se servir de leur intelligence et de leurs mains pour réaliser des objets. Ils permettent d’endiguer le phénomène de vagabondage dans les rues des enfants livrés à eux même et qui finissent délinquants.
Au niveau du Rdc on trouve de l’autre côté de la place, face à la boulangerie, la crèche qui donne sur une grande terrasse, sous laquelle on trouve le jardin d’enfant et qui donne également sur une grande terrasse sous laquelle on trouve la pouponnière. Au dessus de la crèche on trouve le réfectoire et sa terrasse.
La présence d’une prise en charge des enfants permet aux femmes de la favela de pouvoir aller travailler.
Coupe
Cette coupe sur le centre communautaire montre les proportions humaines des espaces. La structure est en béton armé : poteaux, poutres, planchers ; le cloisonnement et la fermeture des espaces est réalisée par les occupants avec des matériaux de récupération. La structure permet d’obtenir une architecture en gradins, donnant lieu à des toitures terrasses privatives qui peuvent être utilisées en cas d’extension.
Les réseaux sont traités conjointement avec les escaliers et les rues. Ainsi la circulation des flux est jointe à la circulation des gens et permet un contrôle sur la première avec des regards.
Maquette
La maquette finale montre l’implantation et l’intégration du projet dans son contexte. La structure poteaux poutres dépasse des volumes finis, permettant de couvrir les terrasses en cas de pluie, et de venir compléter les espaces s’il y a besoin d’une extension.
Vue de la salle polyvalente depuis le supermarché. Le décalage du rdc par rapport au plancher du R+1 permet de créer des galeries, qui abritent du soleil l’été, et de la pluie l’hiver.
Structure
Modélisation de la structure de l’ensemble pouponnière-réfectoire. L’état implante cette structure en béton armé, ouverte, et ce sont les habitants qui vont l’habiller et la fermer. Le coût est moindre pour l’état et ce sont les habitants, guidés par des professionnels, qui vont trouver des solutions adaptées à leur cadre de vie.
Maquette sans couverture, où l’on distingue la structure en béton gris et le remplissage en briques (bordeaux).
Option où l’on couvre la structure extérieure pour protéger les espaces du soleil ou de la pluie.
Détails
Exemple de studio semi-privatif pouvant se faire sur la trame du module de la structure où 2 studios partagent wc et douche, tous les espaces d’eau se trouvant dans la trame centrale.
Exemple de 2 T2 pouvant se faire sur la trame du module de la structure où 2 T2 se disposent en quinconce, tous les espaces d’eau se trouvant dans la trame centrale.
Système d’isolation de toiture terrasse avec des matériaux de récupération, où seul le bitume est à acheter, soit un moindre coût.