Projet
Ce projet consistait en la réhabilitation du 7 rue Hautpoul à Paris, ancien bâtiment industriel de structure poteaux-poutres métalliques avec un remplissage briques.
Cette réhabilitation intègre dans le bâtiment, un lieu de travail, de commerce et d’habitation d’un concepteur lumière, qui serait lui ou sa femme à mobilité réduite.
Le programme se compose d’un show room et un atelier au rdc, des bureaux, une salle d’attente et une salle de réunion à l’étage, ainsi qu’ un logement réparti sur 2 niveaux pour un couple et leurs 2 enfants, l’ensemble du bâtiment étant aux normes PMR.
Parti architectural
Mon parti est de mettre en valeur le bâtiment en lui restituant son origine industrielle, avec l’usage de matériaux bruts comme la brique, le métal et le bois vieillis.
J’ai cherché à dégager mon intervention de la structure existante, afin qu’elle soit visible et observée, comme une œuvre d’art.
Le bâtiment trouve alors les conditions réunies pour le travail et la mise en valeur du travail de l’artiste, ainsi qu’un cadre de vie agréable dans son logement, ouvert vers l’extérieur et lumineux.
Le bâtiment retrouve sa mémoire et son potentiel en lumières naturelles et artificielles, avec un côté vintage.
Situation
Ce bâtiment a comme inconvénient sa longueur avec un Rdc fermé, sombre, éclairé dans le fond par des verrières, et sa structure est très contraignante avec ses poteaux.
Son avantage est une forte source de lumière en façade et sur tout le 1er étage, ainsi que des hauteurs sous plafond généreuses au Rdc.
Le plan de cadastre montre la présence de 2 courettes mitoyennes côté Sud et d’une autre côté Nord.
Mon implantation divise le bâtiment dans sa longueur afin de privilégier les espaces lumineux pour le logement au Sud avec les espaces à vivre au 1er, en alignant le salon et le séjour sur les vues extérieures des cours végétalisées.
L’espace du salon du logement au R+1 aura pour vue cette courette.
L’espace de la salle à manger du logement au R+1 aura pour vue cette courette.
La structure métallique du bâtiment est dégagée et mise en valeur.
Yann Kersalé
J’ai choisi le contemporain Yann Kersalé, qui utilise l’obscurité comme terrain d’expérimentation de la lumière et qui s’est spécialisé dans la mise en lumière architecturale.
Son but est de magnifier les espaces urbains en accentuant les horizontales et verticales.
Yann Kersalé s’accorde à toutes sortes d’environnement et les magnifie avec la mise en place d’une lumière adaptée.
Il crée des luminaires qui s’adaptent à des sites particuliers.
Enveloppe
La rue est en pente et l’accès principal se fait au point le plus haut pour permettre aux Personnes à Mobilité Réduite d’y accéder facilement, la sortie de secours se faisant à l’autre extrémité, au point le plus bas.
Au Rdc la bande horizontale du Nord permet l’obscurité, favorisant le travail et le commerce du concepteur lumière.
La façade Sud est fermée au Rdc mais capte un maximum de lumière grâce à ses verrières, ainsi qu’au R+1 ouvert sur les courettes des voisins.
Plans
Le hall d’entrée, situé côté haut de la rue pour l’accès PMR, est l’accès unique et distribue le show room, l’atelier, le logement.
Depuis le hall, on peut voir l’atelier par une diagonale, dont les faux plafonds en gradins et les portiques lumineux conduisent le visiteur vers le fond du Rdc et créent un appel, une surprise, depuis la rue.
Le show room, après un espace généreux, suit une parallèle à cette diagonale avec le même effet de diaphragme, crée des espaces d’expositions intimistes et aboutit au bureau vitré le reliant à l’atelier.
La diagonale de l’atelier permet d’accéder au logement de façon plus discrète; son Rdc est intime, dédié aux parents (donc aux normes handicapés) avec un salon lumineux, une vaste chambre et une sdb.
Mon implantation se fait en longueur et afin de rythmer cette horizontalité, le show room et l’atelier sont fragmentés en bandes perpendiculaires.
La diagonale se dessine entre l’entrée et le fond de l’atelier, segmentée par ces perpendiculaires qui correspondent à l’ascenseur, aux sanitaires, ou de simples bandes métalliques au sol.
Le show room est fragmenté également afin de mettre en valeur la structure poteau-poutre métallique existante, en la dégageant, et de créer des espaces d’ombre pour favoriser le contraste avec les œuvres lumineuses de l’artiste.
La brique est peinte en noir dans ce sens également.
Le show room est en façade pour amener les passants à le voir et donne un mouvement de perspective vers les espaces d’exposition du fond, créant un « appel » à la curiosité des passants.
Du hall d’entrée on voit la diagonale qui mène jusqu’à l’atelier avec le système de faux plafonds en gradins créant un effet de diaphragme.
Les bandes métalliques au sol réfléchissent aussi la lumière et l’accentuent.
Cette perspective du show room met en scène les œuvres de Yann Kersalé dans l’espace le plus généreux de sa boutique, qui se poursuit en parallèle de la diagonale avec des espaces intimistes, et aboutit au bureau vitré qui le relie à l’atelier.
Effet de diaphragme que l’on retrouve dans la diagonale du show room.
L’atelier est obscur, peint en noir, et peut se fermer totalement pour une obscurité parfaite, afin de mieux travailler la lumière.
Le bureau est en brique rouge et totalement vitré, que ce soit du côté show room, atelier, et partiellement en toiture avec la verrière.
Un puit de lumière est crée dans la dalle du R+1 pour mieux éclairer l’atelier quand nécessaire, et le relier à la salle de réunion du R+1. Il peut s’obstruer par une plaque pivotante pour obtenir une pleine obscurité.
On voit aussi la diagonale qui relie à l’entrée et celle du show room dont la lumière arrive par le bureau.
Perspective de l’atelier qui met en scène les œuvres de Yann Kersalé
Perspective de l’entrée qui met en valeur l’escalier et la trémie qui mènent au R+1.
Depuis le hall d’entrée, un escalier et un ascenseur mènent au 1er étage vers un large palier qui sert de salle d’attente et distribue 3 bureaux, la salle de réunion et le logement.
Le R+1 est plus fin que le Rdc car il faut décompter les verrières. L’accès au logement est public, cet étage est plus social avec un salon généreux à l’entrée, face à la courette des voisins.
Un ascenseur privé dans le logement relie le Rdc à l’étage pour l’accès PMR alors qu’au centre du logement, dans une trémie, on trouve l’escalier qui mène au séjour, puis la cuisine, la sdb côté Sud, et au Nord les chambres d’enfants.
Le R+1, après une distribution vers des bureaux sur un palier-salle d’attente, est coupé en 2 dans sa longueur, avec au Sud le logement ouvert sur l’extérieur, et au Nord les sanitaires, la salle de réunion et les chambres d’enfant.
Le palier d’arrivée au R+1 est desservi par l’escalier ou un ascenseur. Il permet de créer une salle d’attente éclairée par la transparence des bureaux vitrés, ces derniers donnant sur la façade ensoleillée.
La salle de réunion est accessible depuis la salle d’attente par un couloir vitré, côté Nord, et est relié à l’atelier par un puit de lumière, permettant de voir depuis la réunion le travail en bas.
Cette trémie est à cheval sur une structure poteau poutre métallique existante qui la laisse flotter au milieu et l’encadre comme une œuvre d’art; on peut l’obstruer par un système de panneau pivotant pour obtenir une parfaite obscurité dans l’atelier.
L’autre trémie que l’on trouve est dans le logement, pour laisser passer l’escalier qui commence au Rdc sous la verrière, laissant l’escalier respirer et créant un puit de lumière pour le Rdc.
Le logement voit ses murs de briques peints en blanc pour créer une ambiance plus sereine et lumineuse.
Tout le R+1 revêt un parquet en chêne vieilli, avec les murs en briques rouges, excepté le logement et les sanitaires où la brique est peinte en blanc.
Perspective sur le R+1 du logement avec sa trémie centrale qui englobe l’escalier.
Axonométrie
Cette axonométrie conceptuelle montre en gris les zones de travail du concepteur lumière et en orange son logement; les portiques lumineux sont représentés en jaune, dans le show room et sur la diagonale qui traverse tout le bâtiment et qui est en rouge.
Elle met l’accent sur les circulations verticales bleues qui apportent la lumière à travers des trémies :
- à l’entrée avec un escalier métallique et un ascenseur publique arrivant sur le palier, éclairé par la transparence des bureaux au R+1
- dans le logement, l’escalier central mène au séjour du R+1 et apporte de la lumière au Rdc (l‘ascenseur privé à l’entrée du Rdc mène à celle du salon au 1er)
- entre la salle de réunion et l’atelier, permettant de voir le travail depuis l’étage et d’éclairer l’atelier dans sa profondeur (cette ouverture peut s’obstruer grâce à une plaque métallique pivotante, pour d’obtenir la pleine obscurité dans l’atelier)
- un escalier de secours relie le palier du R+1 au Rdc sur la rue.
Coupes
Cette coupe montre les proportions des espaces du Rdc et du R+1 réduits par la présence des verrières au Rdc, la hauteur sous plafond étant plus importante au Rdc qu’à l’étage.
En terme de verticalité, le bâtiment est quasi exempt de faux plafonds et profite de la pleine hauteur sous dalle.
On voit de gauche à droite au Rdc : le bureau, l’entrée de l’atelier avec un portique lumineux, puis le salon des parents PMR, et au R+1 la salle de réunion et la coupe sur la trémie de l’escalier avec derrière le salon.
Cette coupe montre au Rdc de gauche à droite : le show room, les sanitaires en blanc, le bureau en rouge, puis l’atelier, et au R+1 un bureau, la salle d’attente, la circulation devant les sanitaires, la salle de réunion, le puit de lumière avec son panneau pivotant et les chambres enfants.
Les circuits électriques et d’aération sont apparents, dans un esprit industriel.
Cette coupe montre au Rdc de gauche à droite : le show room, la diagonale avec son système de portiques lumineux (sur les tranches des murs et des faux plafonds), le logement du Rdc avec une partie du salon, la chambre des parents et leur sdb, et au R+1 un bureau, le palier, le logement avec le salon, l’escalier, la salle à manger, la cuisine et un coin bureau devant la sdb enfants.
Les seuls faux plafonds du RDC sont ceux des couloirs en diaphragme pour créer un effet de focus et cachant le passage des réseaux techniques, dans la chambre et sdb du logement du Rdc, ils génèrent une ambiance plus intime.
Détails
Le système de portique lumineux se compose en coupe d’un mur de briques suivi d’un caisson métallique ouvert où est logé un tube fluorescent donnant une lumière indirecte, aligné avec un faux plafond métallique réfléchissant la lumière.
Coupe sur la maquette du système de portique lumineux, au niveau de la diagonale, à l’entrée du logement et devant les sanitaires.
Le système de portique lumineux se complète sur la tranche des murs par les mêmes caissons métalliques ouverts renfermant des tubes fluorescents, amenant 2 verticales lumineuses à l’horizontale du faux plafond, renforcée par une horizontale au sol, matérialisée par une bande de métal réfléchissante, sur la largeur de la tranche.
Planche matériaux
J’ai souhaité avoir une ambiance industrielle avec la brique vieillie omniprésente, qui est un matériau vivant, chaleureux et changeant, travaillée selon la nature de l’espace :
- à l’état brut (rouge), comme mémoire du bâtiment, dans les circulations, les bureaux et la salle de réunion
- peinte en blanc dans le logement et les sanitaires pour avoir plus de luminosité, réfléchir le soleil au Sud et la lumière dans les espaces clos
- peinte en noir dans le show room et l’atelier pour favoriser le travail du concepteur lumière et mettre en valeur ses créations, le noir absorbant la lumière.
Les matériaux de sols choisis seront simples : du parquet vieillis dans le logement et sur tout l’étage, le vieux bois étant chaleureux et patiné par le temps, il a une histoire, le reste du RDC est en béton ciré gris, dans un esprit industriel, artistique et pratique; des bandes métalliques vieillies intégrées dans le béton ciré suivent les joues des murs perpendiculaires, créant des séquences et rappelant le métal comme élément industriel.
Les sdb et sanitaires sont traitées en carrelage blanc, pour rester dans l’identité fonctionnelle d’un bâtiment industriel.
La structure poteaux poutres est mise en valeur pour mémoire du bâtiment, en la laissant visible à 90% et en la magnifiant comme un objet d’art dans les trémies du hall, de l’atelier et du logement.
Mobilier
Pour s’accorder au lieu, j’ai choisi du vieux mobilier industriel en métal et bois vieillis.
Exemple d’escalier qui serait dans le hall ou dans le logement.
Ce canapé cuir taupe serait adapté au salon du logement en briques blanches.
Ce mobilier métallique retranscrit l’ambiance souhaitée dans le bureau de l’atelier en briques rouges.
Ce type de mobilier métallique allié au bois s’accorde bien avec ce vieux plancher.
Cette lampe métal-bois siègerait harmonieusement sur le mobilier montré précédemment.